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 " PARIS-ROUBAIX  " THE " COURSE ! " 

Interview paru dans " France Cycliste ", daté du 12 au 25 avril 2002 / Propos recueilli par H.Bombrun

Après quelques petits soucis en débuts de saison, le Tourangeau Florent Brard, révélation de l'an passé est impatient de rebondir. Les sensations reviennent et il ne devait pas tarder à faire parler sontalent. nterview.

 

* La France cycliste - Florent, qu'attendez-vous réellement de ta saison 2002 ?

-- Florent -- " J'aimerais bien confirmer même si on peut dire qu'actuellement ce n'est pas très bien parti. Je positive

malgré tout en me disant que l'énergie que je n'ai pas dépensée en ce début d'année me servira plus tard. C'est de

toute façon généralement comme cela que ça se fait. J'ai pris du retard cet hiver pour diverses raisons. Quand tu

débarques sur les premières courses et que tu n'es pas au top, tu rames. Le niveau est tellement élevé que c'est

impossible de faire son trou. Mais ça va revenir. Je n'ai pas d'épreuve de prédilection. J'aime les courses d'un jour et

les épreuves par étapes. Ce qui est bien dans le vélo, c'est que cela fonctionne par cycles. Chaque saison a son charme.

En début d'année, on dispute des épreuves de Coupe du Monde et de Coupe de Fance sur une journée. Après, on e

nchaîne sur les courses par étapes. C'est cette diversité qui me motive. Moi, je me lasse assez vitre. Là, ce n'est

pas possible."

 

Fr.C - Qu'espèrez-vous en termes de victoires ?

-- Florent --  " Je veux gagner des courses, un point c'est tout. Je n'ai pas d'objectifs précis. J'ai toujours de petits rêves

comme chaque coureur mais ils sont du domaine du possible. Je veux lever les bras car, au fond, c'est ce qu'il y a de

meilleur."

 

Fr.C -  Après votre éclatante saison 2001, as-tu l'impression que l'on attend encore plus de toi cette année?

-- Florent -- " Bien sûr, c'est évident. J'ai changé de statut en l'espace de quelques mois. Je vois bien que les personnes

qui m'entourent, le public, attendent que je fasse mieux encore. Cette attente ne me fait pas peur. On m'en demande plus mais cela ne me met pas de pression supplémentaire sur les épaules. Quand je ne marche pas, je m'en veux à moi-même. Après je n'ai de comptes à rendre à personne. J'ai connu pas mal de pépins depuis le début de la saison et le plus chagriné, c'est moi. Quand j'aurai obtenu de petits résultats, tout ces contretemps seront oublié. Ce qui est vraiment dommage, c'est que les gens ne voient qu'à court terme."

 

Fr.C - Les pépins que vous évoqué  vous ont empêcher de disputer Paris-Nice. Est-ce un regret ?

-- Florent --  " J'aurai préféré être au départ de Paris-Nice, c'est évident, mais je n'avais pas le niveau catte année. Pour moi, Paris-Nice est l'épreuve la plus dure toutes celles que j'ai disputées dans ma carrière. Andy Flickinger partage mon avis. On est en début de saison, le parcours est relevé, les adversaires sont motivés car c'est la première grande course par étapes de l'année.  Il fait encore froid, le parcours est exigeant. Ca fait beaucoup. J'ai toujours terminé épreuve " cramoisi.' C'est vraiment la course la plus dure que je dispute depuis deux ans. Ca n'a rien à voir par exemple avec un Dauphiné Libéré. Là, on est en condition et il fait beau. Alors, si j'avais été au départ de Paris-Nice cette année, peut-être qu'au lieu de progresser, j'aurai continué à m'enfoncer. Paris-Nice fait partie de ces courses qui se respectent, on ne peut pas y débarquer la fleur au fusil. C'est un monument de notre sport. C'est comme les classiques de Coupe du Monde. Cinq d'entr'elles seulement comptent vraiment à mes yeux. : Milan San remo, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. Ce sont les plus belles épreuves d'un jour au monde. Ces courses-là, tu ne peux pas les dompter qu'avec le temps. Il faut les faire et les refaire. Ce sont des courses bâties pour des coureurs d'expériences."

 

Fr.C - L'an passé vous avez gagné des courses mais c'est la grande échappée sur Paris-Roubaix qui vous a vraiment révêlé. Cette course a-t-elle déjà commencé à hanter votre esprit ?

-- Florent -- " Oui. Elle arrive et je l'ai préparée depuis la mi-mars en rallongeant les sorties après les compétitions. Je rallonge d'une ou deux heures, histoire d'avaoir la distance de six heures de course dans les jambes. Je vais me faire une à deux bonnes sorties derrière scooter de 200 bornes. Paris-Roubaix sera la seule course que je vais disputer dans les Flandres cette année. Je m'y rends toujours avec entrain et là, c'est encore plus facile car je sens bien que je progresse. De toute manière, je vais à roubaix plus pour le plaisir que pour rechercher un résultat. Cette épreuve, c'est la grande du vélo et elle ne se déroule qu'une fois par an. C'est vraiment "The" course en France."

 

Fr.C - C'est une galère invraisemblable, et pourtant vous parlez de cette  course avec les yeux de l'amour. Pourquoi ?

-- Florent --  " Il ya un engouement à Roubaix, avec le public massé au bord des routes, les pavés et le vélodrome mythique. C'est vrai que dans les secteurs les plus durs, ces pavés, je les maudis. C'est terrible pour tout le corps. On est cramé. On a mal aux doigts, aux mains et aux bras. Quand on entre la-bas, généralement, on a toute la détresse du monde qui se lit sur notre corps. Les pattes sont vraiment lourdes. Mais il y a le monde au bord de la route. Les spectateurs nous transcendent. C'est eux qui fot que l'on va chercher la dernière petite goutte d'nergie qui nous reste pour passer. Les encouragements nous permettent d'évacuer la douleur. Je n'ose d'ailleurs pas imaginer un Paris-Roubaix sans public. Ce serait affreux et insurmontable ! En signant au Crédit Agricole, je vis aussi dans la culte de Paris-Roubaix, ça me change un peu de chez Festina qui jouait plus les courses par étapes. R.Legeay adore cette course. Pour lui, après le Tour de France, c'est la course de l'année. Dans l'équipe, nous disposons de bons coureurs comme Thor Hushovd ou Jens Voigt. Ces gars-là sont motivés pour Roubaix. On parle souvent de cette épreuve. Au fildes semaines, je sens que la pression monte. Roubaix revient souvent dans nos conversations. R.Legeay raconte des anecdotes. Il évoque les préparations de Gilbert Duclos Lassalle. C'était des préparations de champion, un peu à la Sean Kelly, des préparations pour de gros moteurs. Un gars comme Duclos vivait exclusivement pour cette épreuve. Et sa saison, d'un point de vue moral, était finie au soir de son entrée sur le vélodrome."

 

Fr.C - Comment pouvez-vous parler de plaisir sur une épreuve aussi rude que Paris-Roubaix ?

-- Florent -- " En règle générale, les cyclistes prennent du plaisir sur un vélo. Pourtant nous pratiquons un sport dur physiquement. J'entends par plaisir, le goût du défi. Regarde les cyclos, c'est pareil avec leur étape du Tour. Ils savent qu'ils vont en chier comme des ours mais cela ne les arrête pas. Ils sont détruits à l'arrivée mais c'est leur plaisir. Sur le coup, il ne faut pas leur parler d'une nouvelle expérience. Pourtant, dès le lendemain, ils sont prêts à remettre ça. J'ai disputé trois Paris-Roubaix. A l'arrivée, je me suis chaque fois dit : " ce n'est pas la peine de faire aussi mal ". Et puis on replonge l'année suivante car cette compétition est la dernière grande aventure du sport cycliste. C'est l'une des dernières épopées. Tu te rends compte, on attaque cette course avec des vélos hitech pour aller rouler sur des vieux pavés tout cradingues. C'est rigolo, non ? "

 

Fr.C - Ressentez-vous des frissons particuliers sur cette épreuve ?

-- Florent --  " Je suis toujours impressionné par Arenberg et le carrefour de l'Arbre. J'ai eu des frissons en faisant la course devant l'an passé car je me trouvais aux ôtés de Museeuw et de Vainsteins qui était champion du Monde. C'était sympa de me retrouver au milieu de tous ces champions. Je me suis explosé la tronche pendant des bornes mais, croyez-moi, j'en ai profité."

 

Fr.C - Cette année vous devriez disputer ton 2ème Tour de France. Quels y seront vos objectifs ?

-- Florent --  " L'an passé, le Tour a été une découverte. J'espère y prendre autant de plaisir cette année et veux tenir un rôle dans la course, me mettre davantage dans le bain. L'an dernier, j'ai été actif en début d'épreuve, ensuite je suis devenu un suiveur. J'aimerais vraiment me faire remarquer cet été. Le maillot jaune, je n'y pense pas trop mais gagner une étape ce serait déjà pas mal. Je sais que je mets la barre assez haut mais ce but n'est pas inaccessile. Sur le papier, nous avons une belle équipe, notamment pour le chrono par équipes. R.Legeay nous en parle déjà. C'est une bonne motivation pour nous tous. On peut aussi avoir des ambitions au général avec C.Moreau, sans oublier les baroudeurs J.Voigt et S.O'Grady qui ont déjà fait leurs preuves. Je sais que mon Tour 2001 a été un gros coup de projecteur sur ma carrière. Porter le maillot blanc du classement du meilleur jeune pendant quelques jours m'a fait connaître du grand public. Les gens ne retiennent que cela de ma saison 2001 alors que j'ai gagné Cholet, Paris-Bourges, le Championnat de France CLM et, ma plus grande joie personnelle une étape sur l'Etoile de Bessèges."  (sans également oublié sa superbe belle performance , lors du tour de l'Avenir !  Porteur du maillot jaune jusqu'au dernier jour ou il le céda malheureusemen pour 1 toute petite seconde !)

 

Fr.C - L'an passé, tu as terminé 5è du porologue à Dunkerque. Avez-vous des vues sur celui du Luxembourg cette année ?

-- Florent --  " J'y ai pensé, je vous avouerai (rires). Il se peut que j'aille faire un petit tour au Luxembourg pour reconnaître le parcours. Ce n'est pas très loin de chez moi. Mais je ne peux pas annoncer la couleur, le Tour c'est tellement le haut niveau. L'an passé, je devais être dans un super jour car, sur le moment, je n'ai pas cru réaliser un superbe temps.  J'avais été malade la semaine précédente. Je voulais tellement être dans le timing qu'au final je n'y étais plus du tout et j'ai failli louper mon départ. J'ai aussi manqué un ou deux virages, mais sur la fin j'ai terminé comme une balle. Et puis, vous savez, même si je risue d'être très motivé au départ du luxembourg, les années se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Je garde néanmoins les pieds sur terre. Le Tour, c'est le top niveau et c'est très dur."

 

Fr.C - Pour rester dans le domaine du chrono, êtes-vous candidat pour le Mondial de Zolder ?

-- Florent --  " J'ai goûté une fois aux joies de la sélection alors, si je fais de bons chronos cette année, pourquoi pas préparer les Championnats du Monde de Zolder en fin de saison ?  Moi, même si je n'apprécie pas trop les entraînements hivernaux, j'aime bien réaliser des saisons pleines. Je ne pourrais pas arrêter de courir au mois d'août et reprendre l'entraînement début octobre. Ce n'est pas possible d'autant que je réside dans une région un peu rude. Et puis, j'aime la compétition avant tout. Pour moi, une saison va de fin janvier à fin octobre. De ce point de vue, je partage le sentiment de Laurent Jalabert. Jaja, c'est d'ailleurs le seul coureur que j'idéalise encore. Quand tu es gosse et que tu vois un pro, tu te dis toujours que c'est un surhomme. Une fois arrivé dans le milieu, tu vois bien que c'est un mec comme les autres. On est tous pareils, sauf un gars : Jaja. C'est total respect pour lui. Je l'adore, il fait du vélo par passion. Je suis passionné, j'ai la culture vélo mais là à faire comme lui, je ne sais pas.... C'est vraiment une exception."

 

Fr.C - Florent, on sent que votre culture vélo est immense. Vous êtes acteur aujourd'hui de votre sport, mais vous avez dû être un grand spectateur avant de passer pro. Qui vous a donné le virus ?

-- Florent --  " C'est mon père. Il a toujours fait du vélo. Il s'est occupé de clubs de notre comité départemental. Il a mis sur pied des compétitions. C'est lui qui m'a donné les bases, l'envie de regarder Miroir Dprint, Miroir du Cyclisme, Miroir des Sports. C'est une vraie encyclopédie du cyclisme mon père. Il m'a transmis sa passion. Il connaît sur le bout des doigts le palmarès de chaque coureur, toutes les histoires des courses. Il a vraiment une mémoire d'éléphant. Pendant de longues années, il a aussi été mon meilleur compagnon d'entraînement. J'ai donné pas mal de soucis à mes parents quand j'étais gamin mais aujourd'hui j'espère qu'ils sont fiers de moi et de ce que je fais. Je suis toujours heureux de leur faire plaisir. L'an passé aux Championnats de France chrono, ils ont suivi ma course dans la voiture de Gérard Rué. C'est moi qui ai mis Gérard dans le coup. Mes parents n'osaient pas monter à ses côtés. Ils ont vécu un grand moment et je suis certain qu'au final de la course ils ont encore été bien plus heureux que moi."

 

FIN.

 

PARIS-ROUBAIX

Article paru dans l'équipe Magazine du 27 avril 2002

BRARD LE JOVIALLE TRANSFUGE DE Festina a le regard

rieur et espiègle. A la sortie d'une année 2001 exceptionnelle

(6 victoires), le Tourangeau a choisi parmi 14 formations courtisanes

la couleur verte du bus rondelet du C.A et les vingt ans de boutique

de son patron., R.Legeay. Révélé l'an passé par sa victoire d'étape

à l'Etoile de Bessèges, sa victoire dans la course Cholet-P-de Loire

puis Paris-Bourges, le Champion de France du CLM, également

porteur quelques jours du maillot blanc du meilleur jeune sur le

Tour de France 2001, n'a plus l'âge d'un espoir, mais n'a pas encore

les épaules d'un leader. Mais il dit qu'il gagne chaque jour en calme

et en sérénité, qu'il est en phase avec lui-même et qu'ila pour

objectif de confirmer un talent affiché. R.Legeay dit qu'il incarne

l'avenir. Lui veut offrir di bonheur aux gens et profiter de cette vie

qu'il trouve si belle. Pas au mieux de sa forme en ce moment, il

vient d'abandonner pour la première fois sur Paris-Roubaix, alors qu'à trois reprises, lors des années pécédentes, il avait atteint le vélodrome avec les larmes aux yeux. Mais peu importe.  A court de victoires cette année, il garde confiance en lui, et un large sourire ne quitte jamais son visage. 2EME en septembre dernier DU TOUR DE L'AVENIR !  5EME DU PROLOGUE DU TOUR,  il sait ce qu'il peut tirer de son corps, gardant en lui le souvenir encore intact de l'émotion que procure le geste magique de lever les bras sur la ligne.

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