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Message webmatrice : Pour cause de pages qui  trop importantes !  j'ouvrirai en plus de celle-ci, 3 pages, pour chaques semaines passées!

SUITE (semaine1)

TOUR DE FRANCE 2006 (L'AVANT COURSE . Préparatif. Voyage; etc...)

LA 1ERE JOURNEE EN BLEU-BLANC-ROUGE

 

" Paru dans la Nouvelle République, le 27 juin 2006 "

- Après avoir savouré son titre de champion de France, le Tourangeau de l'équipe Caisse d'Épargne-Iles

Baléares va se mettre au service exclusif de son leader Valverde durant le Tour de France.

La date du 25 juin restera à jamais gravée dans le marbre du Panthéon personnel de Florent Brard. Un titre de champion de France professionnel sur route, cela marque durablement une carrière et celle de l'enfant de Ballan-Miré brille, depuis ce dimanche, d'un nouvel éclat.
S'il est apparu très ému sur le podium de Chantonnay, Florent avait retrouvé tous ses esprits hier, au lendemain d'une journée particulièrement chargée. Il a, en effet, repris, le soir même, le chemin de Serres-Castet, dans la périphérie de Pau, où il s'est récemment installé après avoir quitté la Franche-Comté et ses frimas.

-- Florent -- « Nous sommes arrivés à minuit et, si je n'ai pas fait d'excès, j'ai quand même pris le temps de boire quelques coupes de champagne avec Christophe Agnolutto, Stéphane Berges et Nicolas Portal, qui sont mes voisins et camarades d'entraînement », raconte-t-il.
Ce lundi matin, il s'est rendu aux thermes de Salies-de-Béarn en compagnie de sa sœur Clarisse, cavalière émérite qui disputait, hasard du calendrier, un concours hippique, ce week-end, à Pau. Au programme : relaxation et massages, avant de rouler quelques dizaines de kilomètres dans l'après-midi.
Dès demain, après avoir embrassé sa compagne Nathalie ainsi que leurs deux charmantes petites filles, Emma et Anastasia, il mettra le cap sur Strasbourg, d'où partira le Tour de France samedi prochain. Une grande boucle qu'il n'a pas disputée depuis cinq ans et dont il aborde l'édition 2006 avec humilité, bien décidé à se mettre entièrement au service d'Alejandro Valverde, le leader de l'équipe Caisse d'Épagne-îles Baléares. 

 

“ JE SUIS HEUREUX DE POUVOIR RENVOYER L'ASCENSEUR." 

 

-- Florent -- « Notre objectif, ce sera la victoire finale et, dans ces conditions, je n'ai aucune intention de me disperser, prévient Florent. Alejandro, c'est le meilleur coureur du monde du moment et je serai là avant tout pour l'épauler. Même en bleu-blanc-rouge, je ne serai qu'un grégario… »
Pourtant, la tunique tricolore lui garantit une popularité phénoménale dont il pourra prendre la pleine mesure pendant trois semaines.

-- Florent -- « Sans doute, mais je n'oublie pas d'où je viens, tempère le nouveau champion de France. A 30 ans, je sais que la vie est faite de hauts et de bas. »
Voilà belle lurette que l'insouciance de sa jeunesse s'est fracassée contre une suspension injuste de neuf mois pour laquelle il a été totalement blanchi. Victime involontaire d'une prescription médicale inappropriée – des calmants à base de corticoïdes – alors qu'il cherchait à soigner les séquelles d'une chute abominable, en 2002, lors du Midi Libre (fractures du rocher, de deux vertèbres cervicales et d'une clavicule), il a payé cher cette injustice.
Le sort ne l'a pas épargné non plus l'an passé, puisqu'une toxoplasmose l'a laissé sur le flanc durant toute la seconde partie de la saison. Cela n'a pas empêché ses nouveaux employeurs, emmenés par l'emblématique manager général Miguel Echevarri – l'ancien mentor de Miguel Indurain – de lui accorder leur confiance.

-- Florent --  « J'étais au fond du trou et ils m'ont laissé le temps de revenir tranquillement, raconte-t-il. Il a aussi fallu que je m'adapte à un nouvel environnement puisque j'ai décidé de déménager pour trouver des conditions d'entraînement plus favorables, tout en restant toujours tourangeau de cœur ! Au mois de janvier, je roulais à 25 km/h et, au cours du stage de préparation, j'étais complètement largué. Pour autant, personne ne m'a mis la pression. Alors, aujourd'hui, je suis vraiment heureux de pouvoir renvoyer l'ascenseur. »
En l'occurrence, ses patrons avaient fait preuve d'une certaine malice en différant l'annonce de leur sélection pour le Tour. Florent figurait sur la liste mais il l'ignorait ! C'est donc avec une motivation décuplée qu'il avait abordé le rendez-vous vendéen.
Déçu d'avoir manqué le podium de l'épreuve contre la montre, bouclée en cinquième position, il avait reporté toutes ses ambitions sur la course de dimanche, disputée en circuit, ce qu'il n'apprécie pourtant guère. Il aura réussi une course tactique parfaite, au détriment des hommes de Bouygues Telecom, qui évoluaient pourtant à domicile.

-- Florent -- « Je n'ai pas couru contre les autres mais pour moi, intervient-il. Je sais que certains étaient contents de voir les gars de Jean-René Bernaudeau battus, mais ce n'est pas mon cas. D'ailleurs, je les apprécie pour la plupart. »

Mais voilà : une fois sur le vélo, à chacun son maillot. Et, pour un an, celui de Florent Brard est bleu, blanc et rouge.

" Interview paru dans l'équipe, le 27 juin 2006 "

* Au-dela de votre parcours très atypique, êtes-vous un enfant de la balle ? Cyrille GUIMARD racontait à Chantonnay que votre père conduisait ....., lui et Jean-Pierre Danguillaume ...
-- Florent -- " Mon père est allé à l'école avec Danguillaume à Joué-lès-Tours, ils étaient licenciés à l'UC Joué. Il avait de l'admiration pour Jean-Pierre, qui a gagné sept étapes du Tour. Et moi, j'étais tous les dimanches au bord de la route pour encourager mon père qui collectionnait aussi toutes les revues sur le cyclisme. Je n'aurais pas pu échapper à ce métier ".

* Votre modèle ?
-- Florent --  " J'étais plus Fignon que Lemond parce qu'il était mal aimé, critiqué. Et qu'il avait son caractère. Quand on l'a volé dans le Giro (en 1984), ça m'avait révolté".

Vous savez qu'il a remporté le maillot tricolore ?
-- Florent -- " Oui, en 1984."
* Et Hinault ? 
-- Florent -- " Aussi. Mais en 1979."
* Et Anquetil ?  
-- Florent -- " Non. Jamais. Mais c'est bien que certaines courses échappent à des champions. Ca les rend plus humains."

Dimanche, vous avez donné l'impression d'acueillir ce titre avec une certaine réserve. On se trompe?

-- Florent -- " C'est mon parcours qui veut ça. J'ai appris à relativiser, et à savoir apprécier les choses à leur juste valeur."

* Vous faites allusion à cette histoire de dopage qui vous avait obligé à poursuivre votre carrière en Belgique ?

-- Florent -- " On était dans un contexte particulier, celui de la France et du dopage. Beaucoup de gens avait de bonnes raisons de me court-circuler ou de ne pas m'engager. Je leur ai trouvé des excuses, et je n'en suis pas sorti aigri. Je n'en veux quà une seule personne, celui m'a licencié, je ne le citerai pas, mais sur le plan humain, il n'a pas été correct. "

* Vous ne vous êtes jamais découragé ?  Notamment lorsque vous courriez le Giro avec Chocolade Jacques dans le plus grand anonymat.

-- Florent -- " Non, car j'ai du mal à me  projeter dans l'avenir. Et plus je touche le fond, plus je suis motivé pour refaire surface. C'est ce qui s'est passé cette année après ma toxoplasmose. En janvier, je roulais à 25 à l'heure, pas plus. J'ai recouvré la santé peu à peu."


“ CE MAILLOT A SA PROPRE MAGIE. ”

 

* Ce maillot tricolore, finalement, c'est une absolution. Il justifie tout ce que vous avez traversé .....

-- Florent -- " Je n'ai pas encore réalisé, mais ce maillot a sa propre magie. Il évoque un cyclisme à l'ancienne qui me rend nostalgique. Moi, souvent, je suis nostalgie de ce que je n'ai pas connu. Le Pro Tour, ça bonifie certaines épreuves, mais ce n'est pas facile de vivre dans des équipes de trente coureurs où personne ne se connaît. Aujourd'hui, nous gagnons mieux notre vie, mais je ne sais pas si les coureurs sont plus heureux  ! "

 

* Le dopage n'arrange sûrement pas les choses .....

-- Florent -- " En espagne, ils n'étaient pas pollués par les suspicions, heureusement, c'est en train de changer, alors qu'en France les coureurs prennent des volées, essuient des critiques, certaines justifiées, d'autres pas. Il y a, c'est vrai, à cause de ça, un très mauvais climat dans des groupes français, une morosité avec un vif sentiment d'injustice."

 

* Peut-on encore gagner des courses sans se doper ?

-- Florent -- " Un coureur comme Moncoutié l'a démontré. Moi, j'y crois.Du moins pour gagner une étape. Un grand Tour ? Je ne sais pas .... Avec tout ce qu'on entend, les dernières révélations venant d'espagne, l'affaire Heras évidemment, ça rend perplexe. Cela dit, ce n'est pas parce qu'il est le plus fort qu'un coureur se dope forcément. "

 

* Armstrong ?

-- Florent -- "J'adore Armstrong !  Ce n'est pas un type facile, pas le genre qui attire les familiarités, mais personne ne peut nier qu'il a du charisme et qu'il n'est pas commun. Quand il entrait dans une salle, c'était  " the boss", il dégageait. Maintenant, j'ai lu dans la presse le témoignage de la femme d'un ancien coureur qui a dit qu'elle aurait ententu ....... Tout ça me semble un peu légé, exagéré, en même temps, ça m'étonne pas. C'est typique de notre pays. En France, on était Poulidor, on n'aimait pas Anquetil, on adulait Virenque quand Jalabert était numéro 1 mondial .....".

 

* A votre avis, à quel Tour de France doit-on s'attendre ?

-- Florent -- " Un Tour lourd, très lourd. Moi, je m'attends au pire, avec peut-être des descentes de police. Ca serait navrant, mais s'ils trouvent des trucs, des produits, alors ils auraient raison, mais tout pourrait se faire plus discrètement. Ce qui me gêne, c'set que c'est toujours le cyclisme qui paie."

 

* Ce n'est pas un argument  ...... 

-- Florent -- " Je ne veux pas me cacher derrière ça. En Atlétisme, il ya eu aussi pas mal d'affaires. Le dopé, c'est le méchant, mais il y aussi des bons et des méchants parmi les responsables de l'AMA, de l'UCI et du CPLD. Certains se sentent au-dessus des lois. Dans mon histoire, j'ai quand même été blanchi. J'ai gagné aux prud'hommes. Le Conseil d'Etat a annulé la suspension. Je n'aurai pas dû être suspendu. J'ai été contrôlé positif, mais ce n'était pas du dopage, un docteur m'avait une infiltration (aux corticoïdes), dans le dos parce que je souffrais terriblement depuis une chute au Midi Libre (il s'était fracturé 2 vertèbres cervicales). J'étais allé au Tour de l'Ain au dernier moment por dépanner l'équipe (Crédit Agricole) parce qu'il manquait un coureur. Personne n'en a tenu compte. On m'a licencié, mais c'est normal, j'avais mon caractère et j'étais tombé dans une équipe de moutons. Ensuite, il y eu pas d'irrégularités. Ils ont laissé mon dossier traînerdeux mois dans mon tiroir. Ils ne m'ont pas signalé ma suspension que huit mois et quinze jours après le contrôle."

 

* De qui parlez-vous ?

-- Florent -- " Des gens de l'UCI, du CPLD ..... Je crois savoir, vien sûr, qui tirait les ficelles. A l'époque, j'étais un peu naïf. Je pensais que la vérité l'emporterait, puis un journaliste m'a appris que j'allais recevoir un recommandé. Mais bon, j'ai bien vécu tout ça. J'ai fait d'autres choses. C'est mon parcours de vie et j'en suis fier. Surtout, je ne regrette rien. Il faut des bas pour apprécier les hauts."

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