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ETAPE13, de Revel.

" In vino Veritas. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 16 juillet 2010 "

-- Florent -- Dernière étape de transition avant la grande bagarre pyrénéenne. Une étape destinée aux baroudeurs. Et quand on parle de baroudeurs, on pense nécessairement (moi en particulier) à Chavanel. C'est donc l'homme à surveiller. « Tout le peloton sait que je veux une troisième étape et celle-ci me convient... » m'annonce-t-il en descendant du pullman de la Quick Step. Sans aucun doute, El Cabayo a mangé son ballot de foin et rué dans les branc... euh, le bus. Km 4, paf !, attaque de Chavanel. Il emmène avec lui Jean-Antoine Flèche et Fédrigo, excusez du peu ! Trois coureurs boxant dans la même catégorie avec chacun leurs caractéristiques.

 Flecha et Chava, tout deux généreux dans l'effort, ne laissant à personne le soin de rouler plus qu'eux. Attirés par les classiques du Nooord, ils ont une petite préférence pour les temps apocalyptiques. Pierrick est plus réservé, mais pas moins talentueux. Treizième jour de course, il commence à être bien. Quelle classe sur son Colnago, pas un « pète » de jeu, ça tourne rond, la soquette est légère.

 Quand à l'oreillette, le peloton apprend qu'il y a trois « pimpims » à l'avant, il se réjouit et pense passer une journée tranquille. Mais la réjouissance est de courte durée à l'énoncé de la composition. Ce trio d'équidés n'a pas pour habitude de gérer. C'est Bert Grabsch qui faisait le museau. 160 bornes à la barre avec ses petits copains de la HTC-Columbia et de la Lampre. Bilan: 44km/h de moyenne et la triplette se fait avaler par le paquet à 10km au pied de la dernière difficulté... la côte de Saint-Ferréol.

 Un bon talus de trois bornes à 6% de moyenne où Ballan (Miré? Laissez, c'est une vanne pour moi) s'est rappelé au bon souvenir de Vérone en attaquant très fort. Mais c'était sans compter sur l'incroyable Vino-Hulk (Vinokourov) qui sort du peloton sur le haut de la bosse, revient sur l'Italien et le lâche de la roue sur un faux plat. Une fois lancé, dur de revenir sur le kazakh (à condition que Contador reste tranquille). Vino peut lever les bras, embrasser son maillot et tomber dans les bras d'El Pistolero (beau coup de pub pour les Astana).

 

SEMAINE 3

(suite & fin!)

TOUR DE FRANCE 2010

(vu de l'intérieur en tant que spectateur)

ETAPE14, de Ax 3 Domaine.

" Quelle belle journée. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 18 juillet 2010 "

-- Florent -- Je prends, comme tous les jours, mon p'tit dej au village départ. Au menu une grande rasade de café Ricoré que je sucre avec une poignée de Dragibus Haribo, une demi-douzaine de mini-saucissons Cochonou et une poignée de gâteau apéro Belin. (NDLR, cette pause publicitaire vous était gracieusement offerte par Florent Brard et Berrysports.net, merci de vous en souvenir...)

 Ensuite atelier lecture de la presse au stand FranceTV, seul stand sans hôtesse ! Les bus arrivent. Je pars à la chasse aux infos avec mes acolytes, Isa et Gilles. J'y croise une de mes idoles : Jaan Kirsipuu, vainqueur de quatre étapes, six jours maillot jaune, douze fois au départ du Tour..jamais arrivé à Paris !

 C'est le mentor de Rein Taraamae, dit « Taramachine » qui a abandonné samedi, terrassé par une tendinite du tendon d'Achille. Rein l'Estonien a débarqué en France, en Berry et au club de la Roue d'Or Saint-Amandoise plus précisément en 2006 et 2007. C'était avant de migrer à Pau. Un futur grand coureur

 Isabelle (la journaliste de FranceTV, vous vous souvenez...) fait un papier sur la lanterne rouge. Nous allons voir Wim Vansevenant, trois fois dernier du Tour. Il flâne sur un banc devant le bus Oméga-Pharma avec Jo Planckaert. Ils commencent par demander le 06.... d'Isa, suivi de rire gras dont seuls les Flamands ont le secret. « Godverdum ! »

 Mais le grand moment du jour, c'est la venue de Lance « Brasfort » Armstrong à Stade 2. L'émission se déroule sur le toit du camion production de FranceTV. Camion où je passe toutes les après-midis devant mon ordi pour taper mon billet berrysportien.

 La tension est palpable autour de la table. Lionel Chamoulaud est à ma droite. Il prépare ses questions. Patrick Montel, en grand « non connaisseur » de cyclisme, dit des énormités qui ont le don de susciter des envies de meurtres chez la triplette magique.

 On entend la foule, Lance se rapproche. Gendarmes et gardes du corps montent dans le camion. Ça y est, la star fait son entrée. Le silence se fait, on s'écarte tous pour le laisser passer. Il prend l'escalier pour accéder au plateau. On assiste alors à un grand moment de pure com devant nos écrans. Tout est mesuré, tout est calculé, les journalistes abondant-copinant dans le sens du Ricain.

 Levi Leipheimer, se joint à nous. Il attend son équipier pour regagner leur hôtel à bord d'un hélicoptère spécialement affrété. Il s'assoit en bout de table avec sa bouteille et un pot de muesli. Au contraire de Lance, il ne dégage rien. Il passe totalement inaperçu. Il ne ressemble même pas à un sportif avec son teint blême. Mais c'est un gentil garçon, 7e du classement général quand même.

 Vingt minutes plus tard, la star descend. Ronan Pensec veut sa photo au côté de l'idole. Puis c'est au tour d'Isa de poser. Je les mitraille avec mon Nikon. On l'aime ou on le déteste, mais personne ne peut rester indifférent devant un tel charisme...

 

ETAPE15, de Bagnière de Luchon.

" Tom a l'eau claire. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 19 juillet 2010 "

-- Florent -- On entame déjà la dernière semaine. Le temps passe si vite. Certes, pour certains, le temps va paraître long, très long. Ces étapes pyrénéennes vont même être interminables. Parce qu'après deux semaines de Tour, les organismes sont touchés.

 Chez Garmin c'est même la soupe à la grimace. Jonathan Vaugthers reste optimiste et vante les performances de Ryder Hesjedal. Son adjoint Lionel Marie, « Pffff... il est temps que ça se termine ! » Rien que sur l'étape de Spa, les trois leaders ont chuté. Vandevelde, direct à la maison. Farrar, trait de fracture au cubitus, à la maison aussi quelques jours plus tard. Millar, lui, traine sa misère depuis.

 Idem à la FDJ où Le Mével est « cramé », Casar est las (même si je me méfie des ses impressions), Roy malade depuis le départ. Geslin s'est gaufré durant l'étape et Roux monopolise la lanterne rouge.

 Chez Cofidis, même le père Augé en a marre. Faut dire qu'il n'y a plus d'étapes qui lui conviennent. Et mon bon « Momone » (Monier) a pété le joint de culasse. Il vient de prendre une heure en deux jours. Bien d'autres encore dans le peloton sont limites, fatigués et meurtris par les chutes. Mais ils ne se laisseront pas abattre et tâcheront de rallier Paris au courage.

 A contrario, Voeckler a les bonnes jambes. On l'avait déjà vu mettre un bon sac dans la côte de Saint-Ferréol derrière « Vino » à Revel.

 Aujourd'hui il est dans la bonne et fait rouler son coéquipier Turgot qui s'est mis minable pour son leader. 25e victoire de sa carrière, une étape du Tour avec le maillot Bleu-Blanc-Rouge de champion de France. Ça, c'est la classe !

Moins classe peut être, le contre de Contador sur le saut de chaine d'Andy Shrek... Je crois que l'Espagnol a vu un léger ennui technique du Luxembourgeois qui n'était pas encore arrêté. Il arrivait bien lancé et le passe en injection. Ensuite y a-t-il eu coalition entre les Ibériques (Menchov vit à Pamplune depuis 1997) ? Certainement...

 Lors de la remise du maillot jaune à Contador, le public français l'a copieusement hué comme il sait si bien le faire. Et a applaudi tout ce qu'il pouvait Andy sur le podium. Le Français aime les gentils qui perdent. Andy a perdu 39 secondes dans l'histoire. Je me souviens aussi qu'il aurait pu perdre un quart d'heure sur les routes du côté de Spa.

 Peu importe, ça donne du grain à moudre. El Pistolero a gagné ce round. Shrek n'est pas sonné. Suite du combat mardi.

 

 

ETAPE16, de Pau... (capitaine Béarnaise)

" Grand, Ressigne. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 20 juillet 2010 "

-- Florent -- Le journal L'Équipe titrait mardi matin : « Contador sans pitié ». Magistral ou scandaleux ? La polémique enfle, tout le monde donne son avis. Alors pour en avoir le coeur net, je suis allé consulter Marc Madiot.

Le risque avec Marco c'est qu'il vous envoie balader sans ménagement. Ou alors, il entre dans un monologue bruyant et haut en couleur. Bingo ! Il est dans un grand jour. Il suffira juste de lui demander si controverse il y a, pour déclencher une tornade dont lui seul a le secret.

 Extrait: « Andy Schleck n'avait pas ralenti sur les pavés quand son frère est tombé. C'est un incident qui ne concerne que Schleck, pas Contador. Il faut arrêter les politesses. On n'est pas dans un salon de thé. On peut être gentleman, mais pas dans une phase décisive de la course. Il n'y a pas de débat...cqfd ! »

Le round du jour peut débuter. Round le plus redouté pour les plus faibles du peloton. Dès le km 0, les coursiers entament le col de Peyresourde. Radio course ne cesse de commenter: « Attaque de Kreuziger, contre d' Armstrong, Mc Ewen en difficulté, le maillot jaune à 30 secondes, une douzaine de coureurs lâchés... » Durant les 15 bornes de montée, le peloton se disloque. Le sommet. Bascule. Descente rapide.

 Pas le temps de récupérer que se profile déjà l'Aspin. Et là, même scénario : montée à bloc, descente rapide et paf ! le Tourmalet (qui signifie mauvais détour). Au pied, des coureurs sont déjà à plus de 18 minutes et il reste encore 145 km. Au sommet du Soulor, le grupetto est pointé à 30 minutes, il finira à 35... C'est le genre d'étape où les coursiers redoutent d'être HD (hors délai).

Finalement, la « bonne » sort dans le Tourmalet où les principaux favoris se neutralisent. Armstrong assure le spectacle, Fédrigo l'emporte devant Casar. Mais ce que je retiens, c'est Christophe Moreau. Parce que c'est le coureur qui aura le plus marqué ma carrière. Il a été mon leader, mon voisin franc-comtois, mon compagnon de chambrée. On s'est aimé, on s'est détesté. Et depuis le début de ce Tour, nous, la triplette magique (celle de FranceTV), le sollicitons quotidiennement afin qu'il nous livre ses impressions. Parce que Christophe, c'est le Alain Delon du cyclisme. Fignon le casse en direct à l'antenne parce qu’il tente de faire les points des GPM (grand prix de la montagne). Le Grand réplique face aux caméras : « Je voudrais dire à Fignon que je ne suis pas un abruti et que ma quête du maillot à pois est légitime ».

 Mardi soir, il est à 15 points du maillot de Charteau. Allez Grand, ramène les pois à Paris et resigne dans une équipe pour deux années supplémentaires...

 Sinon, mercredi c'est journée de repos et en plus, on est arrivé chez moi, à Pau, enfin Serres-Castets alors ........

 

 

ETAPE17, du Tourmalet...

" La Cav en perdition. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 22 juillet 2010 "

-- Florent -- Pau – Tourmalet, avec en entrée Marie Blanque; en plat de résistance, le Soulor et pour dessert gargantuesque le Tourmalet. Avec cette météo humide, le menu sera arrosé. -- En arrivant au départ, une pluie typiquement béarnaise s'abat sur Pau : droite, régulière et que l'on croit sans fin. La région n'est pas verte pour rien. Le village-départ installé dans le parc Beaumont devient un marécage. Ça n'empêche pas les invités de se goinfrer et de s'arroser les amygdales à grands coups de jurançon.

 À propos d'invités, j'en ai eu deux mini ce matin. Emma et Anastasia (mes filles) qui ont monopolisé le stand qui propose des milk-shakes. Du coup, j'étais plus souvent en quête d'un bob Skoda ou d'une main verte PMU que concentré sur la pêche aux infos du côté des bus.

 Direction le Tourmalet. C'est un exploit technique de percher une arrivée à 2.115m. Et cette foule incroyable, qui brave les orages, la pluie, le vent, le brouillard et une température frisquette depuis des heures, des jours pour certains. La butte surplombant le col était recouverte de supporters emmitouflés dans des Kway, des bâches, des sacs plastiques, chantant, applaudissant lors de la remise des maillots.

 Encore un beau round entre Albert et Andy, mais sans surprise. Le KO sera pour samedi. Le Tour se termine là pour la majeure partie du peloton. J'ai vu tous les coureurs arriver un à un. Tous détruits sans exception !

 La palme revient au Cav (Mark Cavendish): regard vide, filet de bave, quinte de toux, casque de travers. Ses sbires, Martin et Eisel, font peur à voir. Samuel Sanchez s'écroule au sol. Lance qui montait là le dernier col de sa carrière, arrive marqué, limite trrrrrriste. Max Monfort en pleine fringale se jette sur un coca.

 Bref beaucoup de viande fumée au sommet, mais il y avait également du soulagement au fond des yeux... Et dans la voiture de Christian Prudhomme, il y avait le P'tit Nico si cher au Nico T. de Berrysports.net qui m'a inspiré l'instant musical du jour.

ETAPE18, de Bordeaux...

" Mon nikkon déconne. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 23 juillet 2010 "

-- Florent --  Le principal enjeu de cette fin de Tour est l'attribution du maillot vert. Au départ de Salies-de-Béarn, Hushovd n'a que 4 petits points d'avance sur Petacchi, son principal adversaire et 29 sur Cavendish.

La tactique est simple pour rejoindre Bordeaux, où ça se termine traditionnellement par un sprint massif : aux Lampre et aux HTC-Columbia le soin de contrôler la course. Aux Cervelo de laisser faire, Hushovd étant en vert et moins rapide.

 La bonne échappée sort assez tôt, km11, avec encore Pineau. Je ne serais pas étonné de le voir

monter sur le podium des Champs-Elysées, dimanche, avec le trophée du Super Combatif. Lampre

et HTC laissent les quatre attaquants du jour à moins de cinq minutes.

 Une troisième équipe s'invite en tête de paquet: la fantomatique Milram.

 Le matin, sur l'aire de départ, autant ça grouille de journalistes et de supporters autour des bus Astana, Saxo, Quick Step, autant c'est la sinistrose, le calme angoissant, la « désertitude » totale au bus de la non charismatique équipe Milram.

 Finalement, le « Cav » atomise la concurrence. Ale Jet (Petacchi) endosse le vert et de façon quasi définitive. Thor « les Manivelles », résigné, termine quatorzième et voit son rêve verdoyant s'envoler. C'est alors que je dois entrer en action avec mon appareil photo. Le « Cav » arrive, descend du vélo et tombe dans les bras de Monsieur Eric Zabel, juste à mes côtés.

 Et là, c'est le drame : le Nikon est bloqué ! Attroupement bien musclé autour du vainqueur qui se termine par une bagarre entre photographes. Je dégaine le Nikon une nouvelle fois et... toujours rien. Une envie de l'expédier manu militari sur orbite m'envahit. Je n'ai donc plus rien à faire sur la ligne et retourne au « car prod » où, comme par miracle, le Nikon fonctionne à nouveau. 

 Il « refonctionne » au moment même où Albert Contador monte sur le podium, entouré de Cameron Diaz et Tom Cruise. Ma mission impossible du jour, dictée par Monsieur « Phelps » Tavarès, était de photographier les deux stars hollywoodiennes. Que nenni, niet, nada, pas de photo ! La lose...

 Je me console donc avec ce cliché de la remise du maillot de la lanterne rouge (mérité) par Rodolphe Gaudin, le journaliste de FranceTV qui fait un sujet sur le dernier du classement général, chaque jour en début d'étape... Et je laisse à Nico T. le soin de choisir l'instant « zic » du jour...

ETAPE19, de Pauillac...

" Marie au jus d'octobre. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 24 juillet 2010 "

-- Florent --  Bordeaux – Pauillac, un contre-la-montre dans les plus prestigieux vignobles du monde : Margaux, Saint-Julien et Pauillac.

10 h 39, Stéphane « Furec » Augé s'extirpe de la rampe de lancement place des Quinconces pour ce long chrono de fin de Tour. Il est suivi de la Skoda Cofidis de Francis Van Londerseel, son directeur sportif. L'invité du jour, côté passager, est la jeune journaliste de franceTV: Isabelle.

À l'arrière, mon ex-voisin et ami de Lure, Jacky Maillot, médecin de la « Cof » et à la place et dans le rôle du mécano, votre envoyé spécial berrysportien, j'ai nommé: moi-même. J'ai la paire de roues de secours à portée de main, la caisse à outils à mes pieds, le vélo de rechange sur la galerie au dessus de moi. Steph est confiant: « J'vais le claquer ce chrono » lance-t-il à Francis peu avant le départ.

Je le connais bien « Furec », il va le faire à bloc, « pour le plaisir » et « pour être premier du club ! » Ce n'est pas un spécialiste, mais il se défend bien. Dimanche, il bouclera son 8e Tour de France. Départ bien musclé, la patte tourne bien, il négocie les virages du centre-ville de Bordeaux sur les genoux.

« Vanlon », agréablement surpris, l'encourage et lui donne des consignes: « Bien ta cadence de pédalage, bien, le plus souple possible. Pense à ta position, à ton style. Bien uni, bien uni, pas mal du tout ». Au premier intermédiaire km18, il pointe à 1'32 de Bert  Grabsch, actuelle lanterne rouge, champion du monde du clm en 2008. Temps correct. « Continu comme ça, enroule, enroule ». Francis note les temps de passage tous les 5km pour faire référence à Julien El Farès, 27e du général pour son premier Tour. La seconde moitié du parcours est plus dure, des faux plats et vent de face. « Furec » commence à buter, il pioche. La patte est sèche mais elle commence à piquer, à gonfler. Il est plus en force, moins en souplesse.

Ce n'est pas une partie de plaisir un chrono de 52 bornes en troisième semaine. Ça peut même se transformer en calvaire. Stéphane termine en 1h09'25 à 8'28 de Cancellara. 147 pulsations de moyenne avec un max à 162 alors qu'il était de 189 au prologue de Rotterdam. Cette chute spectaculaire de fréquence cardiaque est typique dans les grandes courses par étapes, mais ça ne veut pas dire qu'on est moins efficace.

Jacky, que je connais depuis 12 ans, m'a initié aux grands crus et nous les achetons désormais ensemble. « Pauillac, c'est plus facile à descendre qu'à monter... » Et ce n'est pas « Furec » qui lui donnerait tort. Des châteaux bien connus de nos petites soirées franc-comtoises se dressaient le long du parcours, Lagune, Cantemerle, Giscours, Margaux et Latour entre autres.

Pour rester dans l'esprit, l'instant musical est donc dédié aux fruits de la treille...

ETAPE20, de Paris...

" La grande parade. "

" Paru dans le BerrySport.net,  le 25 juillet 2010 "

-- Florent -- Longjumeau – Paris-Champs-Elysées. Voilà, c'est fini. Je suis tellement au taquet pour cette dernière journée du Tour que j'ai dû faire appel aux services de Nicolas T. pour qu'il m'aide à envoyer cette dernière chronique.

 En fait, j'étais privé d'Internet et comme je suis avant tout, il faut quand même le rappeler, pilote d'une voiture FranceTV, il fallait quand même que je m'occupe un peu de ma C5. Et devinez quoi, en plus de 3.600 kilomètres de course, rien, pas un souci. Et là, juste après l'arrivée, mon premier « chtar »...

 Bon, il faut l'avouer, le Tour, c'est un truc de malade. Je sens que je vais faire un mois d'août de dépressif. L'euphorie, c'est terrible.  Gilles et Isabelle, les journalistes que je pilotais, ont été topissimo. C'est grâce à eux que j'ai passé un super Tour. Et il y avait donc cette dernière étape, la grande parade.

 Pour les coureurs, c'est maillot neuf, cuissard neuf et chaussettes neuves. Et maillot parfumé, s'il vous plaît. Les Ritals sont en Dolce et Gabanou. Et en abondance avec ça. Je me souviens une fin de Tour derrière Cipollini (encore que, c'était sans doute un autre

Italien parce que je ne suis pas certain que Cipo ait terminé un Tour !), ça embaumait.

L'histoire de la tenue neuve, c'est un peu une tradition. Les coursiers la gardent dans

la valise. C'est comme pour le championnat de France ou Paris-Roubaix.

J'en ai terminé sept – en 2002, j'ai lamentablement bâché - à chaque fois, j'avais une

tenue neuve au départ et à l'arrivée, je gardais le maillot avec les dossards dessus...

 A Lognjumeau, les Radioshack du « Brasfort » avaient prévu de faire l'étape avec un

magnifique maillot noir sur lequel figurait un énorme 28 (NDLR, en millions, le nombre

de personnes souffrant d'un cancer dans le monde). Mais les commissaires les ont

obligés à reprendre le maillot traditionnel de l'équipe juste avant le départ.

 Bref, comme je vous le disais, c'était la parade. Mais avant cela, on a mangé à la

cantine FranceTV. Pendant tout le Tour, il y avait neuf cuistots. J'ai bien sûr fait

copain-copain avec eux. Au menu du jour, c'était foie gras poêlé, queue de homard

et côte de boeuf... Les gens de la caravane publicitaire étaient hystériques.

La caravane, aujourd'hui (dimanche) est partie un peu moins tôt et moi un peu après

elle. Il a fallu que je dépose Isabelle et Gilles au siège de FranceTV. Comme moi,

ils étaient privés de car-prod parce qu'il y avait tous les pontes de la chaîne. Du

coup ils n'ont pas pu voir l'arrivée de l'étape.

 Moi j'y suis allé, mais je me suis retrouvé coincé dans la caravane à hauteur des

quais de Seine. La voiture était équipée d'un klaxon course. Mon objectif, c'était de le cramer.

Donc j'ai pas arrêté de klaxonner comme un fou. Et puis j'ai réussi à m'incruster sur les

Champs-Elysées, au milieu de la caravane. Les gars du service d'ordre n'ont pas fait

attention à moi. Je les ai vus faire des grands gestes dans le rétro, mais c'était trop tard. Je me suis fait mon

tour d'honneur sur les Champs, tout seul dans ma C5 ! Et j'ai klaxonné... -- Dans l'aire d'arrivée, je me suis retrouvé aux premières loges pour voir le show Cav. Quand il a attaqué à 200 m, il y a eu un brouhaha dans les tribunes. Les gens le voyaient crever le grand écran. Après sa victoire, je suis allé faire un saut aux bus des équipes, en bas des Champs-Élysées.

Il y avait une grande table installée à côté de chacun d'entre eux et une zone de sécurité. Sodexho avait ouvert la remorque d'un camion, c'était plein de caisses de champagne offertes aux équipes pour leurs invités. Comme c'était le dernier jour, il y avait aussi les femmes des coureurs. Là, c'est un peu comme chez les footballeurs. C'est à celle qui sera la plus belle. C'est le repos du guerrier qui s'annonce. Le soir de la dernière étape, les coursiers ont des chambres individuelles. On ne dort plus avec le collègue et c'est les retrouvailles...

Bien sûr, j'étais au podium pour le sacre du Pistolero. Mais c'est Andy qui a été le plus applaudi. Pour une fois, Contador a été moins sifflé. C'est normal, c'est le vainqueur. En France, on n'aime pas les vainqueurs. J'aime bien Andy Schleck, mais je ne supporte pas ce qu'ont fait certains à Contador.

 

 

FIN

L'APRES TOUR !

" Le portail de ma maison.

" Paru dans le BerrySport.net,  le 27 juillet 2010 "

Les fans de Florent ont tenté de le soudoyer pour qu'il glisse quelques messages personnels. Le plus célèbre des Tourangeaux libérés a souvent résisté, parfois craqué. Au final, il nous à fait vivre la course de l'intérieur et depuis lundi, c'est un calvaire de se dire qu'il faudra attendre un an pour retrouver le Brarowitch sur notre site.

En tout cas, Florent, pour ta disponibilité, ton sens aiguisé de la course et ta faculté à nous dévoiler les surnoms les plus improbables, l'équipe de Berrysports.net tenait à te remercier. Parce que ta présence au coeur du « peleton » des suiveurs, comme tu l'écrivais chaque soir, a apporté à Berrysports.net un sacré paquet de fidèles. Et ça n'a pas de prix... Merci et place à ta dernière chronique du Tour de France 2010.

-- Florent -- « Le Tour de France s'est terminé pour moi, lundi soir, une fois le portail de ma maison franchi. Soit 28 jours passés dans un monde parallèle. Le Tour, c'est une fourmilière de 7.000 personnes et de 5.000 véhicules. Tout va vite, tout est organisé, chacun a sa fonction, son rôle. Il n'y a pas de hier, il n'y a pas de demain, tout est vécu dans l'instant présent. Nous nous coupons du monde et vivons en autarcie. Je n'ai pas suivi l'actualité, jamais regardé de journal télévisé, pas pris le temps de lire la presse si ce n'est L'Équipe. En passant de l'autre côté de la barrière, mon regard a changé sur l'événement : Tour de France.

Durant toute ma carrière de cycliste, je considérais cette épreuve comme le summum de la compétition sportive. Finalement, je ne voyais que la partie émergée de l'iceberg. Car le Tour dépasse le cadre du sport, c'est un phénomène de société, un patrimoine national, il appartient à tous, un spectacle gratuit qui s'invite chez les gens. --- J'ai été frappé par l'énergie positive dégagée, la bonne humeur qui y règne. Dans la C5 de FranceTV, nous précédions le peloton sur le parcours. Des centaines de milliers de spectateurs le long des routes, en tong, bob Skoda vissé sur la tête, des barbecues fumant, ici et là, des familles entières, des amis, des camping-cars. Bref, c'est juillet, les vacances, la fête.--- Mon regard sur les coureurs n'est plus le même. J'étais aux premières loges après la ligne et les voir arriver usés, fatigués, marqués, détruits, ça marque. Que dire de leur disponibilité envers le public, les journalistes : remarquable. Avec une mention spéciale au pseudo ténébreux Sandy Casar. Je ne m'apercevais pas de tout ça sur mon vélo. ---- Le Tour, c'est chaque jour un nouvel épisode. Mais l'emploi du temps est le même. Mon job était de piloter Isabelle et Gilles, journalistes à FranceTV. Réveil à 6 h 53, pour un footing matinal à 7 h. J'avoue avoir été assidu la première semaine, irrégulier la seconde et inexistant sur la troisième... Préparation de ma carte, plein d'essence, un coup d'aspirateur, un coup de kärcher et en route pour le village-départ où l'on '' petit-déjeunait ''.  ---- Ensuite, chasse aux infos autour des bus des équipes, auprès des coureurs, des ex-coureurs, des dirigeants, du personnel, des commissaires... Tout le monde est potentiellement '' cuisinable '' ! Quinze minutes avant le départ, on remontait dans la C5, direction l'arrivée. Je déposais mes acolytes en zone technique, au car production/rédaction où ils s'empressaient d'écrire leurs papiers. Plus relax, j'allais me restaurer à la '' cantoche '' FranceTV puis je les rejoignais pour commencer mon billet berrysportien. ----17 h 15, il ne reste plus que 5 km aux coureurs, Gilles nous donne les consignes : '' Faut la réac de Voeckler, Moreau, Mc Ewen... '' Avec Isa, on mettait la chasuble presse qui donne accès à la ligne. Gros coup de speed, décharge d'adrénaline, c'était le meilleur moment de la journée, le plus intense. Ça jouait des coudes, du micro, de la caméra, de l'objectif... Trop bon. ---- Je terminais la chronique, l'envoyais à Nico T. pour qu'il la mette en ligne, remballais l'ordi et nous quittions les lieux vers 19h30 pour l'hôtel plus ou moins éloigné. Le soir, on décompressait. Le top étant un plouf dans la piscine, quand il y en avait. Nous sommes tous les trois amoureux de la table. Le choix du resto était donc primordial.  ---- Un grand moment culinaire avec les gars de Reuters chez Viscos prêt d'Argelès-Gazost ou scandaleux à l'Ibis de Genève où on a frôlé la tentative d'empoisonnement. Les dîners s'éternisaient et nous nous couchions rarement avant une heure du mat'.

--- Au chapitre des gags, il y a eu l'arrivée aux Rousses. Un violent orage éclate en soirée, nous étions encore dans le car-prod. La C5 était garée dans un champ et je craignais de m'embourber pour la sortir. '' Diantre, j'ai laissé les fenêtres entrouvertes !!! '' La voiture, à défaut d'être embourbée, était inondée. Deux centimètres d'eau au sol, vidée à l'aide d'un gobelet en plastique. Les sièges imbibés, une buée et le cul mouillé durant trois-quatre jours.

---- L'instant musical quotidien était généralement inspiré par Gilles, véritable jukebox des années 70 et 80. À l'aide de l'iPhone branché sur le poste radio de la voiture, il nous trouvait des perles sur You Tube. Perles qui me ravissaient et qui consternaient Isabelle. Avec en point d'orgue ''Quand tu m'aimes'' d'Herbert Léonard, hymne aux paroles improbables. "-- " A l'année prochaine les Berrysportiens."

 

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